Tout le monde est différent… et certain·e·s un peu plus que d’autres

On parle de personnes à haut potentiel, de zèbres, de précoces, de surdoué·e·s, voire d’hypersensibles. Et en ce moment, on en parle beaucoup. Effet de mode ? Prise de conscience de la neuro-diversité ? Manière de se déculpabiliser de ses difficultés scolaires ou professionnelles ? Et de quoi, de qui parle-t-on au juste ?

J’aimerais tout d’abord préciser que parler de personnes à haut potentiel (que je désignerai ici par « HP ») ne doit pas effacer les particularités propres à chacun·e. Le haut potentiel est un aspect de la personnalité, qu’il s’agit de respecter, en se souvenant que cet aspect ne fait pas tout, mais peut faire beaucoup. L’idée n’est donc pas de mettre tou·te·s les HP dans le même panier, mais de mieux comprendre leurs spécificités afin qu’ils et elles, et leur entourage, les acceptent mieux. Et l’acceptation est le premier pas vers le mieux-être.

Il convient également de se défaire de tous les clichés véhiculés par les médias ou le cinéma, pour éviter leur stigmatisation (donc non, oubliez le « rainman » qui compte des allumettes en un quart de seconde ou résout un obscur problème mathématique en à peine plus de temps). Car, comme toutes les différences, tous les écarts par rapport à une norme, la « douance » (comme on l’appelle parfois) n’est pas toujours facile à vivre. Parce qu’une différence mal comprise, quelle qu’elle soit, est une différence mal vécue, génératrice de troubles quotidiens, dans une société qui ne tolère pas beaucoup les écarts par rapport à la norme.

Haut potentiel ?

Le HP désigne en premier lieu, et tout simplement, une personne ayant une intelligence significativement éloignée de la moyenne. On considère qu’une personne est HP lorsque son QI est de 130 minimum (125 selon certains spécialistes), tandis que la moyenne est autour de 100. Au-delà de 145, on parle de Très Haut Potentiel Intellectuel.

D’après Catherine Cuche et Sophie Brasseur, deux psy et chercheuses spécialistes du haut potentiel et auteures du Haut Potentiel en questions, publié en 2017, cette intelligence supérieure est le seul  véritable critère pour déterminer si une personne est HP ou non.

Cependant, de nombreux psychologues et psychothérapeutes recevant cette population en cabinet constatent d’autres traits de caractères récurrents, comme une hypersensibilité, un important perfectionnisme, un grand sens de la justice, une forte empathie ou un puissant besoin de sens que ne comblent pas forcément les normes et conventions sociales. Cuche et Brasseur rappellent toutefois que ces spécificités n’en sont pas, dans le sens où elles ne sont pas propres aux HP mais peuvent concerner tout le monde.

Les ouvrages des psy spécialisés comme Jeanne Siaud-Facchin, Arielle Adda ou Monique de Kermadec font état de plusieurs caractéristiques récurrentes. Mal gérées, ces caractéristiques peuvent être à la source de souffrances et motivent la consultation chez un psychologue. Il ne faut pas oublier cependant que beaucoup de HP se portent très bien, et que des personnes non HP peuvent présenter ces caractéristiques et en souffrir… ou pas !

Il faut par ailleurs mentionner le travail des psychanalystes Sandrine Gianola, Carlos Tinoco et Philippe Blasco dont l’ouvrage passionnant Les Surdoués et les autres. Penser l’écart ne s’intéresse pas au QI mais à une « pensée surdouée ». Selon ces auteurs, la personne surdouée a avant tout a un très grand besoin de sens et ne parvient pas à adhérer au récit collectif pour en donner à son existence. Ce récit collectif, élaboré par la société, orchestre la vie de chacun·e, lui dit ce qu’il faut faire (et comment le faire) pour être, et propose (et souvent impose) un cadre symbolique à l’action individuelle… Bref, donne un sens à nos vies. En adhérant au récit collectif, l’individu « typique » peut vivre sa vie sans trop se poser de questions : faire des études, fonder une famille, ouvrir un livret d’épargne-retraite, acheter une maison, travailler même si ça stresse, limiter ses émotions (sauf quand la France gagne la Coupe du monde de foot), consommer, discuter de tout et de rien, etc… Or la personne surdouée interroge ces règles, ne les accepte pas toutes comme des évidences, casse les codes… et ne comprend pas pourquoi les autres ne le font pas. Elle a besoin, pour donner un sens à sa vie, de fonder son propre récit, à l’écart du collectif. Ce qui n’est pas si simple ! D’ailleurs, lorsque une rupture importante vient briser le récit collectif (un divorce, une perte d’emploi, un deuil, une maladie…), les « typiques » peuvent éprouver une perte de sens parfois violente. Pour ces psychanalystes, la problématique surdouée est donc d’avantage existentielle : comment être soi dans un monde qui ne va pas de soi ?

Quelques caractéristiques…

Les caractéristiques récurrentes des HP pouvant être à l’origine de souffrances sont :

  • une hyperactivité mentale : le HP se questionne, s’interroge, analyse beaucoup, cherche à donner du sens, à comprendre, à trouver de la cohérence… au risque se laisser submerger par son « moulin mental », les cogitations, les ruminations, épuisé par un cerveau en surchauffe, anxieux, insomniaque… et de passer pour le relou de service (« tu te poses trop de questions ! ») donc de s’isoler ou d’être isolé·e.
  • un possible oubli du corps au profit du mental omniprésent… au risque de somatiser (migraines, problèmes de peau, asthme, syndrome du colon irritable…) ou de limiter ses sensations pour revenir à un niveau « normal », « acceptable », en se coupant de soi, de ses sensations, en luttant contre soi (ce qui est épuisant). Donc de ne plus sentir son corps : ni ses sensations agréables, ni ses tensions, (au risque de souffrir de maux réguliers, maux de dos, torticolis…).
  • un sentiment de décalage par rapport aux autres ressenti depuis l’enfance… au risque de chercher à s’adapter sans cesse au récit collectif et aux autres (dans le cercle familial, le milieu scolaire, professionnel), jusqu’à se dévaloriser, « nier » qui on est, vivre de manière inauthentique… et risquer craquage, burn-out, dépression, crise existentielle.
  • une hypersensibilité due à une forte réactivité aux stimulations, au risque d’une sensibilité accrue à la peur, donc de tendances phobiques et d’isolement.
  • une hypersensorialité, soit l’exacerbation d’un ou plusieurs sens (ou hyperesthésie)… au risque de l’épuisement, et de s’isoler pour ne plus se sentir agressé·e par les sons, les odeurs… et souffrir d’une vie sociale limitée.
  • une forte émotivité : le HP passe du rire aux larmes devant l’incompréhension des autres… au risque de cacher ses émotions, de les étouffer pour finir par exploser (de colère, de tristesse), et de somatiser !
  • une incompréhension notable face à l’injustice, au mensonge, à l’hypocrisie… au risque de passer pour un gentil naïf donc taire, encore, sa véritable personnalité… ou de piquer des colères inexpliquées qui l’éloignent des autres… ou de rendre le ou la HP malheureux·se avec un sentiment de solitude.
  • un perfectionnisme envahissant… au risque de demeurer dans un hyper-contrôle, de ne plus lâcher prise, et d’être stressé·e en permanence.

Les HP en souffrance sont celles et ceux qui manquent de confiance en elle·eux et ont développé ce que le psychiatre Donald Winnicott a appelé le « faux self » : une personnalité aimable mais qui n’est pas vraiment la leur, un rôle joué parfois à l’opposé des véritables valeurs de la personne.

Ce sont encore celles et ceux qui sont subermgé·e·s par eux-mêmes, noyé·e·s dans leurs pensées, leurs sens ou leurs émotions, qu’ils et elles tentent de restreindre voire d’éteindre en luttant contre eux-mêmes. En somme, des personnes ne parvenant par à être tout à fait elles-mêmes.

Pour aller mieux, le ou la HP a donc tout intérêt à apprendre à se connaître pour s’accepter et s’aimer, et vivre une vie authentique…. ce qui vaut finalement pour tout le monde, HP ou pas ! Bref : devenir qui on est (Nietzsche nous avait déjà soufflé cette idée), se connaître soi-même, et ainsi mener une vie authentique (sur les bons conseils d’Heidegger). Être son propre ami, c’est-à-dire avoir avec soi la même indulgence et la même affection que l’on peut avoir avec les gens qu’on aime.

Comment la sophrologie peut accompagner le Haut Potentiel ?

À travers un accompagnement individuel bref (8 à 12 séances hebdomadaires), la sophrologie offre des moyens de sortir de cette souffrance et vivre mieux avec ce haut potentiel.

Le principe ? Remplacer les PENSÉES (cogitations, ruminations, anxiété, et toutes les émotions négatives qu’elles véhiculent, comme la colère, la frustration) qui sont toujours liées au PASSÉ, au FUTUR ou à l’AILLEURS, par les SENSATIONS au PRÉSENT, ici et MAINTENANT.

La sophrologie propose un cadre phénoménologique : la phénoménologie est une pratique philosophique permettant de s’autoriser à voir les choses autrement, sans jugement, en mettant entre parenthèse nos préjugés et nos schémas habituels de pensées. Cette manière inhabituelle d’appréhender le monde permet de  :

  • lâcher-prise 
  • se défaire du mental
  • favoriser un mental plus positif, ouvert, accueillant
  • s’ouvrir aux autres
  • accueillir ses sensations, ses émotions
  • s’accepter, dans son unicité et sa différence

Méthode psycho-corporelle, la sophrologie ramène la personne à son corps, son vécu corporel. Elle utilise des méthodes de relaxation qui permettent d’être plus réceptif à ses sensations, ses tensions, sa détente, ses organes, ses mouvements, sa respiration, son énergie. Cette prise de conscience de son corps permet de :

  • apaiser le mental
  • réguler le stress
  • rétablir l’harmonie entre le corps et l’esprit, pour développer une vie cohérente et pleine de sens, en conformité avec ses valeurs (dont ont tant besoin les HP)
  • mieux vivre ses fortes sensations, les accepter, les accueillir, en faire un atout
  • développer son « intelligence corporelle » pour profiter des sensations agréables et être à l’écoute de ses tensions pour y remédier avant qu’elles ne prennent toute la place
  • mieux vivre ses émotions (qui sont d’abord corporelles), les accepter, les accueillir, en faire un atout (parce que non, il ne s’agit pas de les « gérer », au sens de les remettre à niveau « normal » : ce serait de l’auto-mutilation, ce serait lutter contre soi-même)
  • développer son intelligence émotionnelle, donc un meilleur rapport à soi et aux autres
  • mieux se connaître

Le recours à la visualisation d’images mentales est également un moyen à l’efficacité reconnue de développer son potentiel. Pour les HP, cette pratique de la visualisation permet de ne plus subir son haut potentiel mais de :

  • identifier ses forces et ses potentiels
  • les orienter dans une voie épanouissante et authentique
  • développer ses capacités (concentration, énergie, détente, créativité…)
  • se motiver
  • s’écouter, se faire confiance
  • développer son « intelligence intra-personnelle », qui favorise une représentation de soi précise et fidèle, et l’utiliser efficacement dans la vie
  • être soi-même
  • vivre une vie plus authentique

En somme, il s’agit de développer d’autres formes d’intelligences que celle mesurée par les tests de QI (logico-mathématique et linguistique), c’est-à-dire les intelligences proposées par le psychologue Howard Gardner dans sa théorie des intelligences multiples et l’intelligence émotionnelle proposée par un autre psychologue, Daniel Goleman.

La sophrologie est une philosophie, une manière de vivre. Elle suppose un entraînement régulier. En accompagnement individuel, votre sophrologue vous apporte les moyens de l’expérimenter et de le mettre en place entre vos séances, et au-delà de votre accompagnement, pour pratiquer en toute autonomie.

Je vous accompagne en individuel, à mon cabinet. Vous pouvez me contacter au 06.31.21.38.80